top of page

La prise en compte nécessaire des interactions entre les mesures de préservation du
patrimoine culturel subaquatique et les enjeux environnementaux du milieu marin

Ecrit par Jade Pinson

13 avril 2024

            “Le patrimoine culturel océanique pourrait être sans doute caractérisé comme l’élément le plus négligé de la ressource la plus négligée de la planète” 1, affirme A. Maniatis. De fait, pour illustration, l’objectif de développement durable n°14 relatif à la conservation et l’exploitation durable des océans est le moins financé des 17 objectifs. Et dans ce contexte le désintérêt pour le patrimoine culturel subaquatique est assez marqué, la thématique étant globalement peu abordée et ayant notamment été en marge des deux conférences des Nations Unies sur les océans en 2017 et 2022.

 

         Défini par la Convention de l’UNESCO de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, ce dernier correspond à “toutes les traces d'existence humaine présentant un caractère culturel, historique ou archéologique qui sont immergées, partiellement ou totalement, périodiquement ou en permanence, depuis 100 ans au moins” (art. 1). Si l’épave (ou encore l’aéronef) en est une illustration majeure, il comprend également des paysages sous-marins, des sites archéologiques submergés et bon nombre de biens archéologiques divers. Il est très difficile de le quantifier précisément, mais l’UNESCO a pu estimer que l’océan abrite aujourd’hui au moins 3 millions d’épaves anciennes, et bien davantage en incluant les épaves contemporaines.


           Le patrimoine culturel subaquatique fait face à de nombreuses menaces : pillage, dommages causés par les chalutiers et autres industries extractives, développement d’infrastructures côtières et en haute mer… Sa protection est dès lors essentielle, et pour ce faire il est établi notamment par la convention de l’UNESCO précitée (dans son préambule, son article 2.5 et la règle n°1 de son annexe) que la protection in situ doit être privilégiée. De fait, les biens archéologiques sont généralement mieux préservés sous des couches de vase ou dans les eaux salines lorsqu’ils y sont depuis longtemps. Si l’on prend l’exemple d’une épave reposant sur les fonds marins, un équilibre est ainsi atteint entre les parties supérieures qui sont fortement endommagées voire détruites et les parties enterrées qui sont préservées. Cet équilibre peut être par la suite seulement perturbé par une intervention humaine ou des changements géologiques, parmi lesquels ceux engendrés par le changement climatique.

     Celui-ci correspond à la modification durable et à grande échelle de l’équilibre climatique naturel entraîné par l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, venant la réchauffer. En tant que puits de carbone, l’océan absorbe une grande partie de la chaleur et de l’énergie générée par les émissions de gaz à effet de serre, et en particulier de CO2. Il absorbe actuellement environ 90% de la chaleur excédentaire issue de la hausse des émissions de CO2 2. Ce faisant, l’océan est cependant fortement impacté, ce qui n’épargne pas l’héritage culturel tangible puisque si les températures continuent d’augmenter au rythme actuel durant les deux prochains siècles, 40 des sites classés au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO seront touchés par des perturbations d’ici 2100. Sur les 720 sites classés dans les catégories culturelles et mixtes du patrimoine mondial de l’UNESCO, 136 seront impactés par la montée des eaux 3. Le patrimoine culturel subaquatique n’est pas épargné par ces perturbations qui peuvent s’avérer majeures.

        En effet, la température de la partie supérieure de la colonne d’eau, en contact direct avec l’atmosphère, a connu une hausse de plus de 3°C durant les 50 dernières années. Or cela va sans doute s’étendre aux couches océaniques plus profondes, où se trouvent les différents éléments du patrimoine culturel subaquatique, comme les épaves. Cette hausse de la température de l’eau entraîne également une modification des courants océaniques, ce qui vient modifier la couche de sédiments. Le changement climatique est de plus la source d’une acidification de l’océan et d’un changement de salinité selon les espaces géographiques, ces changements chimiques étant accélérés par une température plus élevée de l’eau. Enfin, l’un des impacts les plus évidents du changement climatique est sans aucun doute l’élévation du niveau de la mer. Selon le rapport spécial du Giec sur les océans et la cryosphère, la hausse du niveau marin pour 2081-2100 devrait être comprise entre 26 et 92 cm. Si les incertitudes demeurent relativement nombreuses sur les effets précis du changement climatique, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un défi majeur pour la protection du patrimoine culturel subaquatique.

           Ces effets du changement climatique impactent du plus fortement la biodiversité marine, qui englobe une variété et une diversité très importante de formes de vie habitant les écosystèmes marins et côtiers, ainsi que les interactions complexes entre ces organismes et leur environnement. Or le rôle régulateur du climat de l’océan repose en grande partie sur la bonne santé des écosystèmes marins, d’où le cercle vicieux de la perte de biodiversité liée au changement climatique. Ainsi, les vertébrés marins ont perdu 22% en abondance depuis les années 1970, et de nombreuses populations sont désormais trop peu importantes pour remplir leur rôle fonctionnel au sein des écosystèmes océaniques 4. En raison de la dégradation marine croissante, certaines parties des océans font dès lors l’objet d’un “tourisme de la dernière chance” : c’est le cas des glaciers comme la Mer de Glace ou de la Grande Barrière de Corail.

           Dans ce contexte, la protection de la biodiversité marine est un enjeu majeur, et passe notamment par la mise en place d’aires marines protégées, avec 6 catégories de gestion (dont une avec une subdivision) établies par l’UICN, allant des réserves naturelles (catégorie I a) “où les visites, l'utilisation et les impacts humains sont strictement contrôlés et limités”, à celles qui promeuvent activement l’utilisation durable des ressources naturelles (catégorie VI). Il y avait en 2018 près de 18 000 AMP à l’échelle mondiale, mais leur mise en oeuvre peut s’avérer intensive en ressources et insuffisante pour prévenir les menaces les plus graves pesant sur les écosystèmes marins. Ont donc été consacrées les Autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ), définies par la COP de 2018 sur la diversité biologique.

          Or les données géographiques montrent que de nombreux éléments du patrimoine culturel subaquatique, en particulier des épaves, se trouvent sur le même site qu’une zone protégée : en effet, ces épaves, présentent depuis longtemps sur les fonds marins, finissent par devenir des écosystèmes à part entière, habités par une variété potentiellement importante d’espèces marines. Les épaves anciennes constituent alors des récifs artificiels.

           Nous verrons ainsi en quoi les mesures de lutte contre le changement climatique doivent intégrer le patrimoine culturel subaquatique, au vu de l’importance des impacts du premier sur le second, puis en quoi l’intégration des mesures de protection de la biodiversité et des mesures de protection du patrimoine culturel subaquatique peut être mutuellement bénéfique.

I - L’impact du changement climatique sur la préservation du patrimoine culturel subaquatique
 

A) Les dommages causés au patrimoine culturel subaquatique

       Les différents types de biens archéologiques composant le patrimoine culturel subaquatique et constituant l’une des sources les plus importantes d’informations sur un site subaquatique sont composés de matériaux différents : ils réagissent dès lors différemment à l’eau. Or une fois submergés, ces biens se retrouvent recouverts de corail, de vase, de sable et de multiples micro-organismes, ce qui vient stabiliser leur état. Ils connaissent alors peu de perturbations physiques supplémentaires. Les sites archéologiques sont généralement situés à une profondeur de 400 à 800 mètres, et sont ainsi soumis à une température de l’eau basse et quasiment constante tout au long de l’année. Cette situation les soustrait à la lumière du soleil, qui est reconnue comme un accélérateur de détérioration mais qui ne pénètre pas dans la colonne d’eau au-delà de 200 mètres. A cela s’ajoutent des effets de marée minimaux et donc des taux de transfert de sédiments minimes dans les fonds marins. Les sites subaquatiques connaissent ainsi souvent des conditions idéales pour leur préservation, et leur position dans les profondeurs sous-marines les soustrait généralement aux interférences humaines.

          Cet état de préservation atteint sous l’eau et dû à l’enfouissement peut être fortement perturbé en cas d’interventions sur les biens archéologiques submergés. C’est pour cette raison que la préservation in situ, sur site, est la première option des archéologues la majeure partie du temps, qu’il s’agisse d’ailleurs de sites subaquatiques ou terrestres. Néanmoins de nouvelles manières de rendre les sites archéologiques subaquatiques accessibles au public se développent, notamment la plongée sous-marine dans un cadre touristique, sur un site où se trouve par exemple une épave. Cette volonté de mettre des sites subaquatiques à disposition du grand public peut représenter une perturbation importante, qui vient mettre en péril la préservation in situ de ce patrimoine. Toutefois ce risque de perturbation demeure presque minime par rapport à la menace que représente le changement climatique.

          Les conséquences du changement climatique sur l’océan sont nombreuses, et incluent une modification des courants. Or cela entraîne une modification de la couche de sédiments alors même que, nous venons de l’évoquer, les biens archéologiques submergés sont préservés par cette couche protective de sédiments. Des dommages au patrimoine culturel subaquatique en résulteront nécessairement : les matériaux constituant les biens seront probablement affectés par les courants et donc touchés par l’érosion. De plus, ces changements de courants peuvent déplacer tout ou partie d’un site subaquatique, le décontextualisant de son emplacement d'origine ou dispersant autrement les biens, ce qui représente une perte importante du témoignage archéologique.

           La hausse de la température de l’eau, impact majeur du changement climatique, entraîne également son lot de conséquences néfastes pour ce patrimoine particulier. De fait, il s’avère qu’une température plus élevée de l’eau permet à une espèce de mollusque, le Teredo Navalis, de s’adapter à une salinité moins importante (qui est aussi une conséquence du changement climatique). Le problème est que cette espèce est un envahisseur marin nuisible, qui s'installe sur les navires et les bateaux en bois et détériore les épaves. L’un des exemples les plus parlant en la matière est l’épave du Vasa, navire de guerre suédois ayant coulé au XVIIe s., et qui a été préservée depuis 300 ans sur le fond marin grâce à l'absence du Teredo Navalis dans la mer Baltique, dont les eaux douces sont inhospitalières pour elle 5. Cette préservation est désormais compromise. Une température plus élevée est également une source d’accélération des changements chimiques dans l’eau. Elle accentue donc les phénomènes d’acidification de l’océan et de changements de salinité. Or ces deux phénomènes accélèrent la corrosion des biens archéologiques, l’acidification entraînant de plus une dissolution des textiles.

      L’élévation du niveau de la mer, problématique aujourd’hui majeure et illustration prédominante du changement climatique, constitue un défi certain pour la préservation du patrimoine culturel subaquatique. En effet, cette élévation est source de phénomènes météorologiques extrêmes, voués à se multiplier. Des tempêtes plus puissantes, en particulier des tempêtes tropicales et des ouragans ou cyclones, sont donc amenées à dévaster les zones basses, érodant au mieux et détruisant au pire tant les terres que les sites archéologiques subaquatiques. Un niveau de la mer plus élevé entraîne également une profondeur plus importante sous l’eau, or, les épaves reposant sur le fond de la mer, elles seront vraisemblablement soumises à une pression plus importante, qui pourrait être supérieure à ce qu'elles peuvent supporter. Cette profondeur plus importante pourrait aussi affecter la recherche de sites subaquatiques, en raison de la réduction du temps pendant lequel un plongeur peut rester immergé. Enfin, l’élévation du niveau de la mer impacte les frontières maritimes : leur définition devient plus floue, et les normes du droit international permettent difficilement de répondre à cette problématique de manière satisfaisante. Cela risque d’engendrer des problèmes politiques et des litiges juridiques devant les tribunaux internationaux et en particulier devant le TIDM dans les zones affectées, ce qui risque de faire passer la préservation du patrimoine culturel subaquatique au second rang et de mettre en péril les collaborations étatiques en la matière.

        S’il s’agit encore principalement de prédictions, le changement climatique a déjà impacté un certain nombre de sites. Ainsi en Espagne, l’épave d’un navire phénicien est en train de se dévoiler : elle se trouvait à une profondeur de 6 mètres il y a 25 ans, et se trouve désormais à une profondeur de seulement 1,8 mètre. La préservation in situ pourrait alors ne plus être la meilleure option puisque l’épave est maintenant facilement accessible, et exposée aux interférences humaines et aux effets nuisibles des courants. Dans les Îles Marshall, les tombes sous-marines de soldats tués durant la Seconde Guerre mondiale ont été perturbées par l’élévation du niveau de la mer. Les marées ont exposé une tombe contenant 26 corps humains, et les cercueils et les restes humains se retrouvent emportés par les vagues. L’épave du Titanic est sans doute l’exemple le plus marquant des dommages dus au changement climatique. Elle est destinée à disparaître en raison de la corrosion des structures en fer qui a été observée par les scientifiques, et elle est actuellement recouverte de rusticles, qui sont des formations de rouille similaires en apparence à des stalactites sous l'eau.

B) L’extension du patrimoine culturel subaquatique

      L’élévation du niveau de la mer n’a pas uniquement pour effet d’endommager les éléments du patrimoine culturel subaquatique, elle engendrera également une transformation du patrimoine terrestre en patrimoine culturel subaquatique, dans un futur relativement lointain, du fait de la submersion des terres. Ainsi, 15 des 20 mégapoles mondiales sont situées près de la mer, et devront être abandonnées si le niveau de la mer continue d’augmenter 6. Ces villes alors subaquatiques deviendront le futur patrimoine culturel subaquatique, puisqu’elles rempliront toutes les conditions pour être qualifiées comme tel en vertu de la Convention de l'UNESCO de 2001 : il y aura des traces d'existence humaine ayant un caractère culturel totalement submergés pendant 100 ans.

           Les Etats insulaires du Pacifique sont les plus vulnérables au changement climatique, en particulier à l’élévation du niveau de la mer qui menace leur territoire terrestre d’une submersion totale. C’est notamment le cas de Tuvalu, qui doit faire face au risque de plus en plus pressant de perte de son territoire et dans le même temps de son identité et de son patrimoine, engendrant une transformation de sa culture en tant que nation. Ce n’est pas le seul Etat dans ce cas : les communautés du détroit de Torres subissent des marées hautes et des inondations qui rendent la vie sur place très difficile. Les îles seront probablement complètement submergées à l'avenir, et leurs populations doivent déjà s'adapter au changement climatique. L’Australie les a invitées à vivre sur son territoire, mais les terres de ces États et donc leur culture seront perdues.

           Le changement climatique entraînera probablement une modification des comportements sociaux et culturels, du mode de vie et de travail des communautés qui doivent migrer et abandonner leur patrimoine. Or le concept d’identité est intrinsèquement lié à celui de patrimoine. L’identité est de fait le processus d'inclusion et d'exclusion qui définit les communautés, et le patrimoine fait partie intégrante de ce processus. Qu’il soit terrestre ou subaquatique, il est dès lors nécessaire pour qu’un individu ou une société puisse renforcer son identité socio-culturelle 7. Le changement climatique, en privant une population du territoire, terrestre ou subaquatique, où se trouve son patrimoine, engendre nécessairement la transformation de sa culture. C’est dans cette optique que s’inscrit l’annonce de Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, lors de la COP 27. Une réplique digitale de l’Etat sera ainsi créée dans le métavers, afin qu’il continue d’exister même en cas de submersion totale du territoire. L’un des objectifs de ce projet est ainsi de fournir un support de rattachement
culturel à Tuvalu
8.

           Le patrimoine culturel subaquatique constitue l’un des fondements de la culture d’une population : sa préservation est essentielle, même si les références à celle-ci sont absentes en matière climatique. Pourtant, le changement climatique représente désormais l’un des défis majeurs auxquels les archéologues sont confrontés. Si ses impacts sont de plus en plus connus sur l’océan, ceux sur les sites et biens archéologiques submergés tendent à être mis de côté. Pourtant, ceux-ci, par leur valeur historique certaine, participent au maintien de l’identité des différentes populations : leur préservation est alors essentielle, en particulier dans un contexte de crise climatique caractérisée par le risque de perte totale ou partielle de territoires. Toutefois, si cette dernière problématique représente un risque de disparition d’un certain nombre d’éléments de ce patrimoine, elle tend paradoxalement à l’étendre, en transformant, à l’avenir, une partie du patrimoine terrestre en patrimoine culturel subaquatique. Or la lutte contre le changement climatique et ses effets néfastes passe en particulier par la préservation
des écosystèmes marins. Et il apparaît qu’en réalité cette problématique et celle de la préservation du patrimoine culturel subaquatique sont liées, et des synergies existent pour le renforcement mutuel de leur protection.

II - Le renforcement mutuel de la protection du patrimoine culturel subaquatique et de la biodiversité marine
 

A) Le recours aux zones de protection

         L’UNESCO a établi des catégories bien précises pour classer le patrimoine, ce qui a fortement influencé notre perception actuelle de celui-ci. Le patrimoine culturel correspond ainsi à ce qui est physique et matériel, et peut être soit immobilier (comme les monuments, sites et bâtiments) soit mobilier (manuscrits enluminés, artefacts en céramique, peintures). Le patrimoine naturel, lui, comprend les paysages d'importance culturelle et la biodiversité. Ces deux catégories ont été définies dans la Convention de l'UNESCO de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. Cette convention prévoit également un patrimoine “mixte”, possédant une valeur tant culturelle que naturelle. C'est de cette convention que découle la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le premier site marin a été inscrit en 1981, et la liste comprend désormais 50 sites marins et côtiers répartis dans 37 pays. Parmi eux, 46 sont naturels et 4 sont mixtes 9. Néanmoins ces catégories se sont avérées insuffisantes, et une Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003 a été adoptée pour reconnaître les pratiques, les rituels, les modes de connaissance, les performances, les compétences et les événements.

       En ce qui concerne le patrimoine culturel subaquatique, la Convention de l'UNESCO de 2001 ne prévoit, elle, pas d'inscription sur une liste représentative. La catégorisation du patrimoine culturel subaquatique n’est pas toujours aisée. Si l’on prend l’un des éléments les plus connus du patrimoine culturel subaquatique, à savoir, les épaves, toutes les catégories peuvent convenir. Elles relèvent du patrimoine culturel, à la fois immobilier (la coque) et mobilier (la cargaison), mais elles possèdent
également des valeurs naturelles puisqu’elles servent d’habitat pour les poissons et autres espèces marines et relèvent également du patrimoine immatériel, en ce qui concerne les systèmes de connaissance utilisés dans sa construction. Si l’on veut avoir une réflexion sur le lien entre la protection de la biodiversité et la protection du patrimoine culturel subaquatique, il est nécessaire
d’avoir une vision large du patrimoine culturel subaquatique et de sa terminologie, afin qu’elle le soit suffisamment pour inclure les éléments du patrimoine culturel subaquatique dans les instruments de protection de la biodiversité marine, en particulier ceux fondés sur des zones de protection.

      En effet, certaines catégories d’aires marines protégées (AMP), dans leur définition issue de l’UICN dans ses lignes directrices pour les aires marines protégées de 2012, contiennent des dispositions permettant d’inclure le patrimoine culturel subaquatique. C’est le cas pour la catégorie V. Paysages marins, définie comme suit : “Une aire protégée où l’interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, une zone qui possède un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et paysagère considérables, et où la sauvegarde de l’intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir la zone, la conservation de la nature associée ainsi que d’autres valeurs”, où l’on retrouve les valeurs culturelles et naturelles.

        C’est également le cas pour la catégorie VI. Aires protégées avec utilisation durable des ressources naturelles. Il s’agit d’aires préservant “des écosystèmes et des habitats, ainsi que les valeurs culturelles et les systèmes de gestion des ressources naturelles traditionnelles qui y sont associés. Elles sont généralement vastes, et la plus grande partie de leur superficie présente des conditions naturelles ; une certaine proportion y est soumise à une gestion durable des ressources naturelles ; et une utilisation modérée des ressources naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation de la nature, y est considérée comme l’un des objectifs principaux”. On retrouve ici encore des termes associés au patrimoine culturel subaquatique.

          La catégorie III. Monument ou caractéristique naturelle, quant à elle, est définie comme visant à “protéger un monument naturel spécifique, qui peut être un élément topographique, une montagne ou une caverne sous-marine, une caractéristique géologique telle qu’une grotte ou même un élément vivant comme un îlot boisé ancien. Ce sont généralement des aires protégées assez petites et elles ont souvent beaucoup d’importance pour les visiteurs.”. Si l’on veut pousser la réflexion un peu plus loin, une épave centenaire pourrait également être considérée comme un habitat naturel ou “vivant” important pour les poissons et autres espèces marines, puisqu’un écosystème se serait constitué autour d’elle 10.

           En ce qui concerne les Autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ), elles ont été définies par la COP de 2018 sur la diversité biologique comme étant “une zone géographiquement délimitée, autre qu’une aire protégée, qui est réglementée et gérée de façon à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris des fonctions et services écosystémiques connexes et, le cas échéant, des valeurs culturelles, spirituelles, socioéconomiques et d’autres valeurs pertinentes localement”. Selon certains universitaires, il y aurait des sous-classes, comprenant “des sites protégés gérés à d'autres fins, mais qui offrent des avantages de conservation élevés grâce à une conservation auxiliaire11. C’est le cas par exemple des tombes et des épaves historiques de la flotte de guerre de Scapa Flow. 

        Il existe donc des dispositions permettant de lier la préservation de la biodiversité et la protection du patrimoine culturel subaquatique Cette dernière peut dès lors soit être directe, soit par la reconnaissance des éléments du patrimoine culturel subaquatique, en particulier les épaves, comme l’un des principaux écosystèmes hébergeant la biodiversité marine. Dans ce cas, la zone de protection serait établie sous la forme d'une AMP de catégorie III, V ou VI ou bien d'une AMCEZ. Il est donc intéressant de se pencher sur l’idée d’une collaboration pour créer des zones permettant une protection combinée du patrimoine culturel subaquatique et de la biodiversité marine, du fait de la présence importante de cette dernière autour des éléments du patrimoine culturel subaquatique, en particulier des épaves, qui se trouvent alors au centre d’un véritable écosystème marin. La création d’aires marines protégées autour de sites archéologiques subaquatiques a déjà pu être se faire, par exemple dans l’Ontario au Canada, avec la mise en place du Thunder Bay National Marine Sanctuary, spécifiquement créé pour protéger près d’une centaine d’épaves historiques au fond du lac Michigan, et qui correspond à une AMP de catégorie VI12.

          Il convient néanmoins de rappeler qu’en haute mer (mais aussi en ZEE), le principe fondamental est et restera la liberté de navigation, principe coutumier reconnu de longue date et largement consacré par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Si le recours aux zones de protection, notamment sous forme d’aires marines protégées, constitue un outil de protection intéressant, il serait utopique de croire qu’il pourra à lui seul empêcher toute atteinte tant aux écosystèmes marins qu’au patrimoine culturel subaquatique, telle qu’engendrée par les activités de transport maritime international. Il est toutefois possible de relever que dans le cadre de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), des zones spéciales et des zones maritimes particulièrement vulnérables (PSSA) peuvent être mises en place, pour des sites dont l’importance écologique, socio-économique ou scientifique est reconnue, et qui sont vulnérables aux activités de navigation. Il est possible de prendre en compte des sites archéologiques pour désigner ces zones, afin de leur octroyer une protection accrue contre les activités de transport maritime 13. Toutefois, si 15 PSSA ont été désignées, aucune ne l’a été en raison de la présence de sites d’importance historique et archéologique majeure.

B) La gestion intégrée du patrimoine culturel subaquatique et de la pêche

          Le lien ici établi entre la gestion du patrimoine culturel subaquatique et la gestion des pêches est justifié par l’existence de multiples corrélations. De fait, nous venons de le voir, les éléments du patrimoine culturel subaquatique peuvent servir d’habitat à une biodiversité marine potentiellement importante et diversifiée, et donc à des espèces marines qui peuvent être intéressantes d’un point de vue commercial. Ainsi, une étude sur une AMP en Californie 14, où la pêche artisanale et récréative est autorisée mais où les épaves sont entièrement protégées, a révélé que même si l’abondance totale des poissons est 20 % plus élevée sur les récifs naturels, les épaves abritent la plus grande richesse en espèces (83 espèces, dont 21 étaient exclusives aux épaves). En raison d’une pression plus faible de la pêche, les épaves sont considérées comme fournissant un habitat alternatif plus sûr pour des espèces de poissons dont la valeur commerciale peut être importante, comme les vivaneaux et les mérous.

     De même, une autre étude en Inde 15 a démontré que la richesse en espèces de poissons et leur abondance était significativement plus élevées sur les épaves que sur les récifs naturels. Les épaves sont de plus connues pour favoriser la croissance d'éponges et d'espèces de coraux (Scleractinia), ce qui attire davantage d'espèces de poissons. Certains poissons de fond, les Polyprionidae, sont même nommés ainsi en raison de leur préférence pour les épaves en tant qu’habitat. Une étude en mer Égée 16 a révélé que les épaves en moins bon état physique avaient environ 50 % de moins de richesse et d'abondance en espèces marines que celles en état de conservation intact. Un lien direct entre conservation des épaves et biodiversité marine est donc bien établi. Les AMP et AMCEZ autour de sites subaquatiques, particulièrement autour d’épaves, peuvent donc protéger le patrimoine culturel subaquatique tout en contribuant à une biodiversité marine plus importante et diversifiée, très
intéressante en matière de pêche, même s’il est bien évident que ces sites ne sauraient remplacer des écosystèmes naturels, comme les récifs coralliens.

         L’intégration de la gestion du patrimoine culturel subaquatique et des pêcheries est ainsi essentielle pour minimiser les impacts négatifs de cette coexistence. Si le site n'est pas une zone protégée, la présence de volumes élevés de stocks de poissons pourrait attirer davantage d'activités de pêche, avec potentiellement un effet pervers s’il existe peu de réglementations ou de contrôles. Or les activités de pêche sont sources d’effets négatifs sur l’environnement marin, qui peuvent potentiellement affecter le patrimoine culturel subaquatique, selon les techniques de pêche utilisées, et les menaces de pollution ne sont pas minimes. La présence de réglementations pour l’établissement d’une pêche durable peut offrir une protection de facto pour le patrimoine culturel subaquatique, en interdisant le recours au chalutage de fond et la pêche à l'explosif. C’est particulièrement vrai pour les épaves “en eaux profondes qui sont hors de portée des plongeurs et de l'impact des tempêtes, mais à portée des activités de pêche17. L’étude précitée en mer Egée par J. S. KRUMHOLZ et M. BRENNAN démontre en effet que la pêche au chalut non seulement endommage et éparpille les biens archéologiques submergés, mais tend également à détruire l’intégrité du site et son contexte, puisqu’en cas de pêche importante il n’est même plus possible de le localiser 18. Il est dès lors nécessaire de promouvoir une gestion collaborative qui peut atténuer les conflits entre l'industrie de la pêche et les archéologues.

C) La protection du patrimoine culturel subaquatique par le développement d’un tourisme durable

          En raison de la protection offerte par les AMP, la biodiversité marine dans ces espaces est généralement plus développée, ce qui attire souvent des activités de plongée récréative et de snorkeling dans ces mêmes aires et peut servir de financement pour la gestion de l’AMP, grâce aux frais d’utilisation payés par les amateurs de loisirs. Néanmoins, ces activités de plongée peuvent avoir des impacts négatifs sur l’environnement marin, en perturbant la vie marine et en causant des dommages physiques aux récifs coralliens. La même problématique s’applique aux sites subaquatiques, les ruines submergées, épaves ou avions étant très attrayants pour le développement d’activités touristiques, d’autant plus au vu de la biodiversité marine qu’ils peuvent abriter. Or si les récifs naturels sont potentiellement en capacité de se régénérer après avoir subi des perturbations ou dommages peu importants, ce n’est pas le cas des éléments du patrimoine culturel subaquatique. En effet, ce dernier constitue une ressource qui n’est pas renouvelable, et qui peut être fortement impactée par les activités de tourisme, en raison par exemple des amarres des navires, du contact avec les structures, et des bulles d'air expirées à l’intérieur d’espaces clos qui accélèrent la corrosion 19.

         Or ce type de tourisme constitue une source de revenus pour les populations locales, grâce à des activités allant des visites de plongée aux séjours chez l'habitant. Si le tourisme constitue une alternative préférable au pillage et à la vente de biens archéologiques trouvés sur des sites subaquatiques, qui procurent des avantages financiers importants mais diminuent une ressource non renouvelable, il est essentiel d’en avoir une approche durable. L’intégrité du site et de ses éléments doit être préservée, ce qui permet aussi de favoriser le développement et l’épanouissement d’un écosystème marin, ce qui permet de maintenir l’attrait du site et de poursuivre les activités touristiques. Les communautés côtières disposeraient ainsi toujours de cette source de revenus, ce qui ne serait pas le cas si le patrimoine culturel subaquatique était endommagé, au point de potentiellement disparaître. Il est de plus possible de considérer que cela permet à ces communautés de continuer à promouvoir leur identité culturelle.

          La Grèce a bien saisi l’opportunité économique que représente le patrimoine culturel subaquatique. En effet, la ministre de la culture a annoncé en 2020 l’ouverture d’un musée sous-marin, situé dans le Parc marin national d'Alonissos du nord des Sporades, en mer Egée : il s’agit d’une AMP de catégorie VI (Aire protégée avec utilisation durable des ressources naturelles, selon les catégories de l’UICN). Se trouve sur le site (présenté comme “le Parthénon des épaves”) une épave datant d’environ 425 avant J.C., celle du Peristera, qui a coulé vers la fin de la guerre du Péloponnèse. Désormais ouvert, le musée cherche à attirer les amateurs de plongée, non plus seulement les professionnels mais également les touristes, en leur proposant une visite guidée du site 20. Nous avons également cité plus haut l’épave du navire de guerre suédois le Vasa, datant du XVIIe siècle. Il s’agit aujourd’hui de l’une des attractions touristiques phares de Stockholm, et un musée consacré à celle-ci a été construit.

        Au vu de l’important attrait touristique que représente de plus ou en plus le patrimoine culturel subaquatique, une gestion durable des activités de tourisme, en particulier des activités de plongée, doit être privilégiée dans l’optique de le préserver, ce qui va de pair avec la préservation de l’environnement marin. La mise en place d’épaves artificielles a notamment pu être envisagée : il s’agit de navires coulés intentionnellement pour servir de ressource récréative. La technologie joue également un rôle important, grâce à des “sentiers de plongée virtuels”. Cela a été institué par le musée sous-marin d’Alonissos, avec 5 caméras diffusant en direct les images de l’épave du Peristera, afin que les amateurs d’épaves puissent y avoir accès sans pour autant devoir plonger. De plus, sur l’île d’Alonissos, des lunettes spéciales sont mises à disposition pour effectuer une visite virtuelle en 3D de l’épave 21. Ce type d’approche permet de préserver le patrimoine culturel subaquatique et les écosystèmes marins, tout en sensibilisant le grand public à la fragilité de ces sites.

Conclusion

        Il apparaît essentiel, pour préserver au mieux le patrimoine culturel subaquatique, que les mesures de lutte contre le changement climatique intègrent la problématique de la préservation de ce patrimoine. La seule surveillance des sites subaquatiques quant aux effets du changement climatique sur ceux-ci est une mesure bien insuffisante. Une grande partie du patrimoine culturel subaquatique est vouée à disparaître si aucun lien n’est fait entre la gestion archéologique des sites et leur gestion écologique. De plus, le bénéfice d’une intégration des deux approches est mutuel : renforcer la préservation et la protection du patrimoine culturel subaquatique tend à renforcer la préservation et la protection des écosystèmes marins, et inversement. Les approches de gestion visant à protéger la biodiversité marine et les sites archéologiques submergés ont toujours été historiquement bien distinctes, alors que des synergies existent pour le renforcement mutuel de leur protection. Il est dès lors nécessaire qu’archéologues et environnementalistes travaillent de concert, ce qui demandera sans doute une coopération inter-organisations. Les législateurs en matière climatique doivent de plus intégrer la problématique archéologique dans les textes, bien que que les convaincre de cette nécessité représentera sans doute des difficultés.

  1. MANIATIS A., “La Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique”, Neptunus [en ligne], 2023/1, vol. 29, p. 6

  2. Nations Unies, “Les effets du changement climatique sur les océans”, sur Nations Unies - Action Climat [en ligne]

  3. PEREZ-ALVARO E., “Climate change and underwater cultural heritage : Impacts and challenges”, JCH [en ligne], 2016, vol. 21, p. 843

  4. PEARSON N. et THOMPSON B. S., “Saving two fish with one wreck : Maximizing synergies in marine biodiversity conservation and underwater cultural heritage protection”, MP [en ligne], 2023, vol. 152, p. 1

  5. PEREZ-ALVARO E., op. cit. p.843

  6. Ibid. p. 845

  7. Ibid. p. 845-847

  8. GIRAUDEAU G., “Tuvalu, menacé d’être englouti par les eaux, crée son double digital”, The Conversation [en ligne], déc. 2022, Tuvalu, menacé d’être englouti par les eaux, crée son double digital

  9. PEARSON N. et THOMPSON B. S., op. cit. p. 3

  10. Ibid. p.4

  11. Ibid.

  12. National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), “Thunder Bay National Marine Sanctuary’s Final Management Plan”, 25 août 2009, p. 11

  13. OMI, “Resolution A.982(24) : Revised guidelines for the identification and designation of particularly sensitive sea areas”, 1er décembre 2005

  14. SANCHEZ-CABALLERO C.A., BORGES-SOUZA J.M. et ABELSON A., “Can wrecks serve as exploitable surrogate habitats for degraded natural reefs ?”, Marine Environ. Research [en ligne], 2021, vol. 169

  15. SREEKANTH G.B., LEKSHMI N.M. et PATIL A., “Performance of a shipwreck as an artificial fish habitat along Goa, west coast of India”, J. Environ. Biol. [en ligne], mars 2019, vol. 40, p. 170-176

  16. KRUMHOLZ J. S. et BRENNAN M. L.,”Fishing for common ground: Investigations of the impact of trawling on ancient shipwreck sites uncovers a potential for management synergy”, MP [en ligne], 2015, vol. 61, p. 127-133

  17. Ibid. p. 128 |traduction]

  18. Ibid.

  19. PEARSON N. et THOMPSON B. S., op. cit. p. 4

  20. ATMATZIDOU M., “Diving into Greece’s first underwater museum”, National Geographic [en ligne], déc. 2020

  21. Ibid.

BIBLIOGRAPHIE

  • ATMATZIDOU Maria, “Diving into Greece’s first underwater museum”, National Geographic [en ligne], décembre 2020, [consulté 1er mars 2024], What to know about Peristera shipwreck, Greece’s first underwater museum

  • GIRAUDEAU Géraldine, “Tuvalu, menacé d’être englouti par les eaux, crée son double digital”, The Conversation [en ligne], décembre 2022, [consulté le 1er mars 2023], Tuvalu, menacé d’être englouti par les eaux, crée son double digital

  • KRUMHOLZ Jason S. Krumholz et BRENNAN Michael L.,”Fishing for common ground: Investigations of the impact of trawling on ancient shipwreck sites uncovers a potential for management synergy”, Marine Policy [en ligne], 2015, volume 61, p. 127-133, [consulté le 27 février 2024], https://doi.org/10.1016/j.marpol.2015.07.009

  • MEYER-KAISER Kirstin S. et MIRES Calvin H., “Underwater cultural heritage is integral to marine ecosystems”, Trends in Ecology & Evolution [en ligne], 2022, volume 37, issue 10, p. 815-818, [consulté le 24 février 2024], https://doi.org/10.1016/j.tree.2022.06.014

  • Nations Unies, “Les effets du changement climatique sur les océans”, sur Nations Unies - Action Climat [en ligne], [consulté le 29 février 2024], https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/ocean-impacts

  • PEARSON Natali et THOMPSON Benjamin S., “Saving two fish with one wreck : Maximizing synergies in marine biodiversity conservation and underwater cultural heritage protection”, Marine Policy [en ligne], 2023, volume 152, [consulté le 20 février 2024], https://doi.org/10.1016/j.marpol.2023.105613

  • PEREZ-ALVARO Elena, “Climate change and underwater cultural heritage : Impacts and challenges”, Journal of Cultural Heritage [en ligne], 2016, volume 21, p. 842-848, [consulté le 19 février 2024], https://doi.org/10.1016/j.culher.2016.03.006

  • SANCHEZ-CABALLERO C.A., BORGES-SOUZA J.M. et ABELSON A., “Can wrecks serve as exploitable surrogate habitats for degraded natural reefs ?”, Marine Environmental Research [en ligne], 2021, volume 169, [consulté le 27 février 2024], https://doi.org/10.1016/j.marenvres.2021.105399

  • SREEKANTH G.B., LEKSHMI N.M. et PATIL A., “Performance of a shipwreck as an artificial fish habitat along Goa, west coast of India”, Journal of Environmental Biology [en ligne], mars 2019, volume 40, p. 170-176, [consulté le 28 février 2024], http://doi.org/10.22438/jeb/40/2/MRN-830

bottom of page