Les parcs éoliens offshores français
Par Manon Exare
Le premier parc éolien en mer au monde a été installé au Danemark et mis en service en 1991. De là, les travaux de construction et d’installation d’éoliennes en mer n’ont cessé d’augmenter, particulièrement en Europe. En effet, le continent est pionnier dans le secteur de l’éolien offshore et de nombreux projets ont vu le jour ou sont en élaboration.

Quel est le fonctionnement de l’éolien en mer et quelle est l’implantation en France ?
L’éolien en mer consiste en l’installation d’éoliennes au large des côtes afin de permettre une meilleure captation du vent, ce qui engendre un meilleur rendement énergétique que celui des éoliennes terrestres. Les éoliennes, qu’elles soient terrestres ou offshore, permettent une transformation de l’énergie mécanique du vent en énergie électrique. Concernant les éoliennes en mer, l’électricité produite est transportée par des câbles sous-marins jusqu’aux postes électriques en mer qui augmentent la tension du courant et transmettent l’énergie jusqu’à terre. L’électricité est ensuite acheminée par des câbles de raccordement au réseau terrestre.
Actuellement, les éoliennes en mer sont toutes posées, elles reposent sur des fondations implantées sur le fond marin à une profondeur d’eau de maximum 50 mètres. Un nouveau type d’éoliennes est en conception, voire même en construction sur certains chantiers : les éoliennes flottantes. Les éoliennes flottantes sont toujours à l’état de projet en France et elles reposeraient en principe sur des plateformes reliées au fond marin par une ligne d’ancrage afin d’éviter que les éoliennes ne dérivent.
En France, les régions pionnières pour l’installation d’éoliennes en mer sont la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie, avec des appels d’offres dès 2011. Les éoliennes flottantes sont en projet pour l’élaboration de deux parcs dans le sud de la Bretagne et deux parcs en Méditerranée avec une mise en service après 2030. Concernant les éoliennes posées, il existe des parcs déjà mis en circulation à Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc. D’autres projets vont voir le jour prochainement au îles d’Yeu et de Noirmoutier, à Courseulles-sur-Mer et Dieppe-Le-Tréport.
Le dialogue nécessaire entre les acteurs du secteur
L’enjeu majeur des collectivités accueillant de tels projets sont les retombées positives engendrées sur le territoire, en termes d’emploi, d’attractivité, de dynamisme et d’autonomie énergétique. Il existe cependant un décalage entre les volontés étatiques de produire localement de l’énergie peu coûteuse et la vision des régions qui voient ces projets comme une façon de dynamiser le territoire et de permettre le développement industriel. Malgré quelques différends sur la finalité des éoliennes et l’objectif qu’elles doivent suivre, le dialogue entre l’Etat et les régions reste présent. En effet, Rémi Justinien, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l’économie de la mer et du territoire, a pu expliquer que « l’Etat est demandeur d’une implication des régions afin de faciliter le dialogue avec les parties prenantes. C’est l’avantage de la taille de nos collectivités, nous pouvons jouer ce rôle d’intermédiaire ».
Le dialogue s’instaure donc avec les différentes parties prenantes, notamment les pêcheurs, comme a pu le préciser le vice-président de la région Bretagne, Daniel Cueff.
Les entreprises sont également accompagnées par le biais de cluster régionaux dédiés aux énergies marines renouvelables. Notamment, les entreprises candidates aux appels d’offres doivent signer la Charte d’engagement de contenu local de 2021. Si la signature n’est en général pas une difficulté pour les entreprises candidates, la mise en œuvre de cette Charte présente des difficultés. Il convient de préciser que les entreprises ne sont pas uniquement celles de construction des éoliennes mais également les armateurs des navires dédiés aux services et travaux pour l’éolien en mer.
Enfin, Guillaume Gréau, coprésident d’Ocean energy Europe, confirme que « les fermes pilotes offrent un signal positif mais pas suffisant pour lancer une filière ». Il faudrait donc que les appels d’offres pour les projets commerciaux se multiplient afin de donner assez de visibilité au secteur et de pouvoir le considérer réellement comme un secteur porteur et une filière en plein essor.
Focus sur le parc éolien des Iles d’Yeu et de Noirmoutier
Afin de saisir l’ampleur des travaux et le délai entre l’idée d’élaborer un parc éolien offshore et sa mise en service, il convient de s’intéresser particulièrement à un parc tel que le projet de parc des îles d’Yeu et de Noirmoutier.
En 2014, la société Ocean Winds a été déclarée lauréate de l’appel d’offres pour un projet de construction de 61 éoliennes permettant de couvrir les besoins de près de 800 000 personnes en électricité. Ce projet représente environ 2.5 milliards d’euros d’investissement et consiste en plus de dix ans de conception et de travaux.
En effet, de 2014 à 2018, le projet était en phase d’études et de conception. La préparation à la construction a débuté en 2018 pour un aboutissement en 2023 et a consisté en achats et obtention d’autorisations administratives. La phase de construction a lieu entre 2023 et 2025 avec la fabrication à terre des éoliennes puis des travaux d’installation en mer. Le parc devrait être mis en service fin 2025, pour une durée de 25 ans.