La mer autrement
Ecrit par Charles Delamaire
24 mars 2024
Monde à part, spécial et qui fascine, le monde maritime fait l’objet de fantasmes et de désirs que les hommes relatent dans leur œuvres. Mais la mer est un sujet vaste que de nombreux artistes ont pris comme sujet principal ou toile de fond au-delà de la littérature. Ainsi, l’AEDM vous propose de voir des œuvres littéraires qui traitent différemment ce monde marin au travers de la peinture, la poésie ou la géopolitique.
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Géopolitique des MERS, Maxence Brischoux, 2023, PUF - 168 pages
Dans son livre, Maxence Brischoux, présente la mer sous l’angle de la géopolitique. Il ne décrit pas la mer mais essaie de l’expliquer. Elle est d’abord un espace sur lequel les hommes projettent leurs intentions politiques, elle est un support servant à l’extension des territoires terrestres. La permanence du milieu y est alors la caractéristique centrale et l’auteur vient questionner les usages politiques. L’auteur prend ensuite le partie de la mer vivante et propose une réflexion sur le lien entre cet espace et l’économie mondiale. Au-delà des chiffres, on y découvre les usages réels et potentiels du milieu vues par l’auteur. Enfin, on est invité à regarder la mer par le prisme de la gouvernance de ce « territoire du vide » en s’interrogeant sur la place de l’Homme dans cet espace qui tend vers une « inéluctable humanisation ». L’homme et la mer sont alors mis en relation, face à face. L’auteur offre différents points de vue sur la mer et invite à repenser nos conceptions de cet espace.
« De la défaite de l’Invincible Armada du roi très catholique d’Espagne aux batailles de porte-avions de la guerre du Pacifique en passant par Aboukir et Trafalgar, l’histoire regorge de batailles navales qui ont influencé de manière décisive les conflits humains. Aujourd’hui, le détroit de Taïwan constitue le nouveau centre du monde [...] »
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La mer terrible selon Monet, Jean-Baptiste Gauvin, 2024, Ateliers Henry Dougier – 142 pages
Si la mer désigne l’immense étendue d’eau salée, elle est généralement pratiquée depuis les côtes, là où la mer et la terre se rencontrent. Les peintres ont souvent représenté cette relation mer terre au travers de paysages variés. Jean-Baptiste Gauvin propose dans son roman de nous faire vivre la création d’un tableau par un spécialiste du genre, le peintre Claude Monet et son tableau « Les Pyramides de Port-Coton ». Tout en romançant le processus de création, l’auteur raconte comment Monet s’est approprié la relation entre l’Océan Atlantique et la terre sur l’Île bretonne de Belle-Île-en-Mer.
« C’est là que je vais planter ma tente ! Dans les vagues, les rochers, les falaises, la brume, le vent ; au beau milieu de l’océan. Au beau milieu de toute l’eau du monde. »
Monet, bien que solitaire, n’est pas seul, il trouve son inspiration dans la mer bien sûr mais aussi chez certains habitants de l’île, comme Poly, ancien pêcheur de homards qui porte le matériel du peintre. Au travers de la peinture, Monet explore la vie insulaire, une vie isolée dans laquelle l’océan occupe une place importante entre réconfort et frustration. Il s’agit d’un roman sensoriel, où le bruit des vagues accompagne le lecteur dans la découverte des paysages marins.
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Des courses et des phares, Jean-Benoît Héron et Patrick Benoiton, 2022, Glénat – 144 pages
Le titre n’est ici pas simplement évocateur, il est le livre. Deux passionnés de la mer ont décidé de raconter à leur manière (à l’écrit et en image) des courses océaniques et régates en s’appuyant ce sur quoi les coureurs eux-mêmes se focalisent, les phares. L’histoire même des courses est intimement liée à celle des phares qui les bornent, il s’agit d’un voyage au grès des saisons, des mers, des tempêtes et des courants mais aussi et surtout des rivalités entre constructeurs, armateurs et coureurs. Cette route autour du monde s’accompagne de très belles illustrations qui nous plongent dans la peau des skippers le temps de quelques pages.
« Le cap Horn franchi, les peurs sont laissées dans le sillage. L’océan de paix s’ouvre aux aventuriers avec, au bout, la terre espérée et sans doute salvatrice ».
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Sélection de poèmes
La poésie, tout comme la mer, offre cette particularité de nous toucher, tous et de façon individuelle, personnelle. Sensible aux long quatrains de Rimbaud ou aux descriptions parfois étranges des vers Baudelaire, la versatilité de la poésie offre un parfait support à la représentation des variations infinies de la mer. Nous vous proposons une sélection de poèmes qui ont pu nous toucher parfois par le sentiment de vivre l’instant décrit mais aussi parfois par la découverte d’un point de vue nouveau. La mer est vécue par ces auteurs, chacun d’entre eux a été touché par sa puissance, sa douceur et son infini. Ces hommes, qui le temps de quelques rimes sont marins, naufragés ou pêcheurs, décrivant leur vie sur la mer. Plusieurs auteurs sont proposés, tous invitent le lecteur à voyager au fil des mots et à se laisser porter là où l’auteur est allé et où il veut nous conduire.
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L’homme et la mer, Les fleurs du mal, Charles Baudelaire - 1857
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Les pauvres gens II, La légende des siècles, Victor Hugo - 1859
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L’albatros, Les fleurs du mal, Charles Baudelaire - 1857
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Le bateau ivre, Les Poètes maudits, Arthur Rimbaud - 1883
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. »
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